Saviez-vous que l’accessibilité est étroitement liée à l’inclusivité ? L’accessibilité vise à créer un environnement, un outil ou un service qui puisse être utilisé par une personne en situation d’handicap. L’inclusivité quant à elle vise à inclure tout le monde. On veut favoriser la participation de tous indépendamment de leur genre, orientation sexuelle, origine, religion, handicap, âge ou toute autre forme de discrimination.
Dans la conception de produits digitaux, on parle plus souvent d’accessibilité que d’inclusivité. Notamment car de nombreuses normes et réglementations ont été mises en place pour faciliter le quotidien des personnes en situation de handicap. Ces handicaps peuvent prendre différentes formes et entraîner des besoins d’utilisation et de navigation spécifiques.
L’accessibilité et l’inclusivité sont donc étroitement liées et partagent un but commun : ne pas exclure.
En 2021, une personne sur sept (de 15 ans ou plus) est handicapée. Un produit non accessible exclut donc 14% de la population. Pour compléter ce chiffre, en 2020 c’est 25% de la population française qui a plus de 65 ans (source : Rapport du gouvernement). Ce sont des personnes qui sont également concernées par l’accessibilité, particulièrement à une époque où beaucoup de démarches sont à faire en ligne.
Ne pas prendre en compte ces personnes dès la phase de conception peut avoir deux principales conséquences :
Le manque d’inclusivité d’un produit quant à lui impacte directement l’expérience utilisateur. Comme pour l’accessibilité, cela peut entrainer une perte de temps, une mauvaise image de marque voire un manque de sécurité dans certains cas.
On retrouve de manière récurrente 2 biais avec des exemples qui sont assez parlants :
En France, l’article 47 de la loi du 11 février 2005 ainsi que le décret d’application du 24 juillet 2019 encadrent l’accessibilité numérique. Cela concerne les organismes publics et les entreprises privées dépassant 250 millions d’euros de chiffre d’affaires. Pour mesurer la conformité des sites web et applications mobile, on va s’appuyer sur le RGAA (Référentiel Général d’Amélioration de l’Accessibilité) et ses 106 critères.
Quand on parle d’accessibilité, on entend également beaucoup parler des Etats-Unis et de leur loi ADA (Americans with Disabilities Act). Son objectif est de s’assurer que toutes les personnes en situation de handicap aient les mêmes droits que n’importe qui et ce dans tous les domaines (école, transport, emploi…). L’ADA fait beaucoup parler pour ces sanctions records qui ont été appliquées par le tribunal. C’est donc un gros point de vigilance à avoir lorsqu’on travaille sur un produit qui doit être déployé aux Etats-Unis.
H3 - Un atout pour le SEO
Est-ce que tu savais qu’en améliorant l’accessibilité de ton produit tu avais de fortes chances d’améliorer ton référencement naturel ? C’est un petit plus non négligeable, surtout quand on sait l’importance du SEO dans le Product Management. L’accessibilité et le SEO servent des objectifs différents mais quand on regarde les recommandations de plus près, on retrouve de nombreux points communs. Comme :
L’une des notions clés pour créer un produit accessible est de comprendre que les personnes en situation de handicap ne vont pas naviguer de la même manière. Des technologies d’assistance sont généralement utilisées pour les accompagner. Ce sont des outils ayant pour but de faciliter l’intégration des personnes en situation de handicap. L’objectif de ces technologies est de maintenir ou améliorer l’autonomie de leurs utilisateurs et utilisatrices. Parmi les technologies d’assistance les plus utilisées pour faciliter l’accessibilité numérique, on retrouve par exemple :
En plus de ces trois exemples, les personnes en situation de handicap peuvent avoir recours à des fonctionnalités natives proposées par la majorité des devices : Le « pinch to zoom » (agrandissement en pinçant l’écran) ou le changement de typographie par défaut par exemple.
Mais ces outils et fonctionnalités ne font pas tout car il faut que les produits soient compatibles à ces technologies d’assistance. Ce sont des problématiques qui doivent être pensées en amont de phase, dès la conception. Il est en effet plus simple de créer un produit accessible dès le départ que de le rendre accessible par la suite.
Le W3C (World Wilde Web Consortium) a mis en place une norme internationale en matière d’accessibilité : le WCAG (Web Content Accessibility Guidelines). Ces guidelines ont été définies par des personnes du monde entier dans le but de fournir un standard commun et unique.
Le WCAG est composé de 13 règles classées dans les 4 catégories suivantes :
Ces règles sont chacune associée à des critères de succès allant d’un niveau A à AAA. Pour qu’une page web justifie d’un niveau AA par exemple, elle doit respecter tous les critères de succès associés à ce niveau.
De nombreuses normes d’accessibilité existent en fonction des pays et de leurs niveaux d’exigences mais elles s’appuient généralement beaucoup sur le WCAG.
En France, on a le RGAA (qui s’appuie sur l’article 47 de la loi du 11 février 2005. Comme mentionné plus haut, cela concerne les organismes publics et les entreprises privées dépassant 250 millions d’euros de chiffre d’affaires. Ceux-ci doivent valider les 106 critères du RGAA qui correspondent aux niveaux A et AA de la norme WCAG.
Au Etats Unis, la loi ADA ne détaille pas un niveau précis d’accessibilité numérique attendu. Mais on cherche généralement à atteindre le niveau AA voire AAA.
Afin de rendre un produit accessible, il est conseillé de faire un audit complet en s’appuyant sur des normes existantes. On peut aussi faire appel à des entreprises spécialisées en accessibilité numérique. En plus de l’audit, des consultants pourront fournir des recommandations complètes à appliquer.
Mais si vous voulez faire un premier pas vers l’accessibilité, voici quelques bonnes pratiques à suivre :
Le design inclusif est un processus de création qui, comme son nom l’indique, vise à inclure tout le monde indépendamment de leur genre, orientation sexuelle, origine, religion, handicap, âge ou tout autre discrimination.
Mais concrètement, ça ressemble à quoi ?
L’UX Writing va jouer un rôle crucial pour l’inclusivité d’un produit numérique. Son but est d’accompagner les utilisateurs et utilisatrices dans leur parcours sans émettre de jugements ou de suppositions. Pour cela, plusieurs points sont à prendre en compte :
L’écriture inclusive c’est un ensemble de règles permettant une forme d’écriture neutre. Son objectif est de réduire les inégalités entre les genres au sein de l’écriture. On parle beaucoup d’écriture inclusive en France car le français est une langue très genrée (noms, accords des adjectifs…) en comparaison à d’autres langues comme l’anglais qui sont plus neutres.
Quand on parle d’écriture inclusive, on pense souvent au point médian qui est la source de beaucoup de débats. En effet le point médian permet de rendre visible les femmes, les hommes et les minorités de genres (utilisateur·rice). Mais ce n’est pas la seule manière d’adopter l’écriture inclusive. On peut par exemple…
Ce sont quelques règles qui peuvent être misent en place assez naturellement (c’est le cas dans cet article, tu t’en es rendu compte ?) et permettent d’inclure tout le monde.
Les normes et la sensibilisation sont des bons outils pour aller vers un produit plus accessible et inclusif mais cela ne fait pas tout. On parle beaucoup d’empathie en user research, on va imaginer les besoins de notre cible. « Se mettre à la place de ». Le problème est que cette démarche est forcément biaisée. Lorsqu’on ne vit pas une situation au quotidien on ne peut pas imaginer ce que quelqu’un ressent. Tester son produit via une technologie d’assistance n’est pas comparable à naviguer au quotidien avec ces outils. De la même façon, une personne non concernée ne peut pas comprendre les oppressions qu’une femme, personne transgenre ou personne racisée peut ressentir en se promenant dans la rue de nuit.
Si on souhaite créer un produit réellement accessible et inclusif, il est donc important de commencer par avoir un panel représentatif dès la phase d’UX Research. Cela permet de prendre en compte les besoins de tous dès la phase de Product Discovery.
L’inclusivité et l’accessibilité doivent se réfléchir également au-delà du produit. Qu’est-ce que ton entreprise fait en interne pour favoriser l’accessibilité et l’inclusivité ? Est-ce qu’il y a des personnes en situations de handicap dans ton équipe ? Des personnes d’âge, de genre ou d’origines sociales différentes ? Tout au long de cet article on a parlé de réfléchir à un panel d’utilisateurs et utilisatrices plus large et de penser à ces questions dès les débuts de la conception. Mais l’origine c’est l’organisation en elle-même. Ce serait très paradoxal (et pourtant, cela arrive régulièrement) de chercher à concevoir un produit accessible et inclusif dans une équipe composée d’hommes blancs ou alors au sein d’une entreprise qui ne rémunère pas les hommes et les femmes à la même hauteur.
Plusieurs choses peuvent être mises en place par les entreprises pour être plus inclusives. Ceci n’est pas une liste exhaustive mais quelques idées à avoir en tête :
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