Pragmatisme ou académisme ? En tant que Product Manager, il est primordial de s’interroger constamment sur la portée de nos réalisations, avec ces deux questions sous-jacentes : « Vais-je apporter de la valeur à l’utilisateur final ? », « Quel problème viens-je résoudre en développant telle fonctionnalité ? ».
Développer une fonctionnalité pour satisfaire le top management ou parce que nous croyons que c’est l’attendu ne mène souvent qu’à des décisions court-termistes, loin de servir les utilisateurs finaux et le produit dans son ensemble. Manquer de pragmatisme occasionne ainsi perte de temps, démotivation des équipes techniques et développement de fonctionnalités parfois coûteuses, mais peu ou pas utilisées par les utilisateurs.
Le pragmatisme est avant tout un état d’esprit. Un Product Manager pragmatique ne cherche pas la fonctionnalité parfaite, le backlog irréprochable, la plus grande vélocité, le respect au pied de la lettre de l’ensemble des rituels agiles. Il veille à travailler de façon itérative, en développant progressivement des fonctionnalités qui répondent concrètement à un besoin utilisateur. Un Product Manager pragmatique travaille en « test and learn ». Ainsi, plutôt que de perdre du temps à designer la fonctionnalité parfaite, il est dans une logique d’amélioration continue, il itère et teste, afin de perfectionner constamment son produit.
Le rôle du Product Manager est de créer des fonctionnalités qui apportent de la valeur à l’utilisateur final et simplifient le produit.
Une fonctionnalité complexe, non utilisée par les utilisateurs, et que les équipes techniques passent du temps à développer est inutile et décourageante pour les développeurs. Les équipes techniques peuvent alors avoir le sentiment que le produit n’a pas de vision claire et que les fonctionnalités sont développées de façon arbitraire.
Ainsi, les qualités principales d’un Product Manager pragmatique sont les suivantes :
Le Product Manager consultant doit faire preuve d’encore plus de pragmatisme, car il est confronté à un nombre d’interlocuteurs divers et doit pouvoir répondre aux demandes de son client.
Cela peut conduire à une relation déséquilibrée où le Product Manager n’ose pas s’opposer ou challenger les souhaits du sponsor, même si ceux-ci sont déconnectés du Produit, des équipes, et ne servent pas la rentabilité finale. Dans ce cas-là, le Product Manager tombe dans l’académisme et devient « Chef de Projet », plutôt que « Chef de Produit ». Son souhait est alors de contenter son client et non son utilisateur final, quitte à développer des fonctionnalités coûteuses, non testées et inutiles.
Ainsi, le Product Manager doit redoubler de vigilance et instaurer une relation de partenariat avec son client : il doit accompagner ses souhaits, tout en les challengeant et en mettant en avant l’importance de la vérification de chaque hypothèse produit. Il doit être en mesure de creuser chaque demande et d’amener le sponsor à s’interroger sur leur pertinence.
Afin de s’assurer que chaque décision prise en tant que Product Manager est pragmatique, voici les bonnes questions à se poser :
Pour répondre à cette dernière question, il est primordial de s’appuyer sur la data et sur les tests utilisateurs.
S’appuyer sur des justifications chiffrées est primordial avant de développer une fonctionnalité.
Ainsi, il est nécessaire de sous-tendre ses développements par la data et par des tests utilisateurs pour valider ou invalider ses hypothèses. Les outils ou techniques suivants permettent de mieux contrôler son activité :
Par exemple, une marque de prêt-à-porter veut tester la pertinence de la fréquence d’envoi de ses newsletters (quotidien / hebdomadaire / mensuel / à chaque nouveauté). Voici comment pourrait s’articuler l’utilisation de la data et des tests utilisateurs autour de cette problématique :
Le pragmatisme d’un Product Manager se traduit dans ses tâches quotidiennes, et notamment à travers les éléments suivants :
Le Product Manager est la clé de voute d’une équipe produit : il est l’interlocuteur privilégié des équipes techniques, des équipes dirigeantes, des équipes métiers. Ainsi, il est soumis à un grand nombre de requêtes et doit savoir faire preuve de fermeté et de direction, face aux idées qui lui sont proposées. Le Product Manager doit avoir pour objectif de développer des fonctionnalités avec de la valeur, et non de contenter tous ses interlocuteurs. C’est avec cette optique que le Product Manager doit écouter les demandes de chacun, donner de la direction et challenger les requêtes qui lui sont soumises.
Les outils de Product Management (backlog, roadmap, workflow jira, board miro…) doivent être au service du Produit et non l’inverse. Ils ne sont pas censés apporter plus de complexité au traitement des informations, mais venir au contraire simplifier et fluidifier la communication. Par ailleurs, la collaboration interpersonnelle ne peut être remplacée par des commentaires dans un ticket Jira ou par des pages Confluence récapitulatives : il est primordial pour le Product Manager de garder en tête que son rôle est de coordonner et donner une vision produit à tous ses collaborateurs, ce que les outils ne peuvent faire à sa place.
L’un des plus gros écueils du Product Management est la recherche de la perfection dans chaque fonctionnalité, dans chaque rituel, dans la rédaction de chaque ticket et dans l’élaboration de la roadmap. Cela donne lieu à :
La recherche de la perfection donne ainsi lieu à une forme d’inertie, et inhibe les équipes produit, qui ont peur d’être dans l’action, par crainte de se tromper.
Lorsqu’un Product Manager est orienté réalisation, il recherche avant tout à fonctionner de façon itérative, à tester et à apprendre de ses potentielles erreurs. Il prend des risques et reste dans le concret.
Pour conclure, le pragmatisme permet au Product Manager de :
Afin d’être pragmatique en Product Management, il est important de garder en tête les guidelines suivantes :