Au XVème siècle, Gutenberg invente l’imprimerie : cette invention révolutionne la diffusion et l’accès à la connaissance, alors réservés uniquement aux plus riches et aux plus lettrés. Elle participe néanmoins d’un même souhait et désir que celui des moines copistes du Moyen Age : conserver et diffuser la connaissance, accéder au savoir. Elle s’inscrit finalement dans la continuité d’un mouvement de fond, et en accélère le développement. Elle n’en est qu’une ramification logique, ayant des répercussions monumentales sur les sociétés occidentales.
Selon cette même idée, le shape-up s’inscrit dans la continuité des méthodologies agiles, dont le but est d’améliorer l’efficacité des équipes en favorisant la collaboration, les synergies, mais aussi l’autonomie des équipes. Elle s’inscrit dans le sillage de Scrum et Kanban, et permet d’appréhender, selon un nouveau prisme, ces enjeux d’agilité.
Le shape-up est une nouvelle façon d’appliquer l’agilité. L’agilité vise à donner de l’autonomie et de la flexibilité aux équipes, tout en cassant les silos entre domaine de compétences, afin de tendre vers une unique visée : offrir aux utilisateurs des produits à forte valeur ajoutée, répondant pleinement à leurs désirs et besoins. L’agilité s’appuie sur des méthodologies de travail innovantes et en constante amélioration. C’est précisément dans ce contexte qu’a émergé le shape-up, théorisé par Ryan Singer.
Le shape-up s’articule autour de cycles de six semaines, débarrassés de tous rituels agiles classiques : daily, technical refinement, retrospective, sprint review, demo… Les équipes ne travaillent pas avec un backlog, mais concentrent leur travail en quatre phases :
L’objectif des méthodologies agiles est avant tout de casser les silos et de rompre avec les cycles projet en cascade : l’important est de se focaliser sur le produit, de paralléliser les tâches et les actions, tout en favorisant les synergies.
Dans un framework Scrum ou Kanban, les équipes ont parfois le sentiment de perdre la vision produit : chaque sprint est dédié à l’amélioration de fonctionnalités existantes, à la résolution de bugs, ou aux tests de fonctionnalités. Les équipes travaillent sur des éléments de détails et peuvent parfois avoir le sentiment que leur travail n’est jamais vraiment terminé. Une fonctionnalité est sans cesse améliorée, selon les cycles d’itération, et il est rare d’avoir le sentiment de livrer un produit abouti. Les Product Managers peuvent aussi perdre de vue la vision produit, trop préoccupés par l’amélioration de petites fonctionnalités, et d’éléments de détails.
Ce fonctionnement peut entraîner une baisse de motivation et une moindre direction des équipes, qui ont le sentiment d’avancer sans jamais prendre le recul nécessaire pour juger de la pertinence de leurs actions.
A contrario, le shape-up permet de faire un arrêt sur image et de prendre de la hauteur, mais aussi de redonner de la motivation aux équipes, en changeant leur rythme habituel. En effet, l’écueil des méthodologies agiles habituelles est l’instauration d’un rythme monotone, cadencé par des rituels immuables, ce qui peut entraîner un sentiment d’ennui et de désinvestissement. Le shape-up vise à casser la routine et à créer ainsi l’envie au sein des équipes.
Pendant six semaines, les équipes sont invitées à réfléchir, concevoir et mettre en production une fonctionnalité aboutie. Le shape-up vise ainsi à exacerber le sentiment du travail accompli chez les équipes, qui ont le sentiment de s’adonner à un objectif concret, effectivement visible en production à l’issue de six semaines de travail.
Le shape-up favorise aussi l’autonomie des équipes, qui sont amenées à imaginer et déployer comme bon leur semble une fonctionnalité : elles n’ont pas de backlog, pas de rituels pour les contraindre. L’autonomie et la liberté sont au cœur de cette méthodologie.
Le Shape-up est une succession de cycles de six semaines, dont les étapes sont parallélisées. Ils se manifestent ainsi :
Les phases de shape et de build durent chacune six semaines et sont séparées par des phases de 2 semaines, lors desquelles ont lieu le cool-down et le bet.
Voici l’objectif de chaque étape.
Shape – six semaines
Lors du shape, des profils seniors alliant diverses compétences se réunissent : Lead Product, Lead Tech, Lead Designers, Lead QA.
Ils réfléchissent ensemble à plusieurs fonctionnalités utiles pour les utilisateurs et pouvant être accomplies dans un temps de six semaines. Ces fonctionnalités doivent allier bénéfices utilisateurs, complétude et simplicité. En effet, l’objectif n’est pas de développer un embryon de fonctionnalité, mais bien une fonctionnalité aboutie, dont la mise en production peut être assurée facilement.
Ils évoquent ensuite les risques et freins de chaque fonctionnalité et préparent leur argumentaire pour la phase du bet.
Bet et Cool-down – deux semaines
Bet
Durant le Bet, l’équipe responsable du shape présente à l’équipe responsable du build ses idées de fonctionnalités. Pour chaque idée, l’argumentaire est ainsi organisé :
Cool-down
Une fois le bet réalisé, l’équipe profite d’une période de cool-down avant de démarrer le build. Cela permet aux équipes d’avancer sur d’autres produits ou projets et de bénéficier d’une coupure.
Build – 6 semaines
Une équipe opérationnelle est responsable de la réalisation de ce qui a été décidé en amont lors du shape. Elle est laissée libre dans sa réalisation.
En effet, l’équipe du shape doit rester volontairement vague et ne pas rentrer trop dans les détails, afin de laisser le plus d’autonomie, de flexibilité et de créativité à l’équipe build. Cette liberté favorise la prise d’initiative, l’émulation et l’envie d’aboutir.
Le Shape-up est une nouvelle ramification des méthodologies agiles : elle vise, à travers des cycles de six semaines, à casser les silos, favoriser l’autonomie et l’émulation, ainsi que la productivité et l’efficacité.
Le Shape-up est découpé en quatre phases principales :